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Le Concordat est un texte voulu et promulgué en France par le Premier Consul Bonaparte en 1802 pour en finir avec les querelles religieuses nées de la Révolution.

Le Concordat, le contexte :

Aux prémices de la Révolution Française, la nuit du 4 août 1789 voit l’abolition des privilèges de la Noblesse et du Clergé. Un an plus tard, la Constitution Civile du Clergé est votée. Elle réorganise complètement l’Eglise de France dont le clergé devient une sorte de corps de fonctionnaires nommés et rémunérés par l’Etat. Désormais, tous les ecclésiastiques doivent prêter serment à la Constitution. On imagine sans peine que la pilule est extrêmement difficile à avaler pour le clergé français, et à fortiori pour le Pape VI. L’Eglise catholique voit son autorité complètement sabrée dans un royaume où son influence ne se dément pas depuis plusieurs siècles, son pouvoir spirituel légitimant jusque là le pouvoir temporel des rois.

Une partie importante des prêtres refuse catégoriquement de prêter le serment constitutionnel. Ces « réfractaires », dont beaucoup ont pourtant soutenu le Tiers-Etat, basculent dans le camp des anti- révolutionnaires. Et bien entendu, les révolutionnaires commencent à nourrir suspicion et haine contre ces ecclésiastiques et leurs fidèles qu’ils considèrent vite comme des traîtres à la Patrie. Les tensions commencent à s’accroître lorsque les révolutionnaires décident d’annexer les biens de l’Eglise et de les vendre au profit de l’Etat.

Les radicalisations successives de la Révolution et de ses meneurs se heurtent évidemment de front avec les convictions religieuses de beaucoup de français. En 1793, on en vient à imposer le culte de la Raison et de l’Etre Suprême, et à fermer les églises. En fait, c’est tout le pays qui est profondément coupé en deux entre partisans et opposants du catholicisme. Pendant la Terreur, l’anticléricalisme se confond avec l’anti royalisme et envoie même des prêtres assermentés à l’échafaud. Dans le chaos révolutionnaire, plus personne n’a de repaires sûrs, et afficher même discrètement ses convictions politiques ou religieuses peut conduire directement sous la lame de la guillotine.

En 1795, une première tentative d’apaisement arrive par un « Décret sur la liberté des cultes », première timide séparation de l’Eglise et de l’Etat. La religion – et l’on parle évidemment plus de la religion catholique – est dès lors tolérée mais reste très encadrée par un Etat suspicieux. Mais le décret enlève toute rémunération au clergé d’Etat qui se retrouve considérablement affaibli.

Lorsque Bonaparte prend le pouvoir en novembre 1799, son principal souci est de ramener l’ordre et la paix dans une France dévastée et complètement ruinée. A ce titre, il considère que la question religieuse relève d’une priorité cruciale. Il comprend que le catholicisme est majoritaire dans le cœur des français, mais tient en même temps à conserver « l’acquis » de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui accorde à chacun la liberté de conscience. Et il sait qu’il ne peut rien faire sans collaborer avec Rome. Il décide donc d’engager des négociations avec le Pape.

Le Concordat, fruit de difficiles négociations :

[mks_col] [mks_one_half]Concordat | Bonaparte | historyweb[/mks_one_half] [mks_one_half]

Elles seront très difficiles, voire houleuse. Le Vatican ne veut rien céder sur ce qu’il considère être ses prérogatives exclusives, et Bonaparte entend bien imposer ses propres résolutions dans son pays. Elles aboutissent le 15 juillet 1801 sous la forme d’un compromis que l’histoire retient sous le nom de « Concordat ». Les escarmouches finales entre Paris et le Vatican se feront sur le détail des mots. Il faut pas moins d’une bonne vingtaine de versions pour le texte définitif soit finalement signé par les deux parties.

La religion catholique est reconnue officiellement comme majoritaire en France, mais les cultes protestants et juifs sont également reconnus et admis. Une première dans l’histoire de France. Désormais, les archevêques et les évêques sont nommés exclusivement par le gouvernement à qui ils doivent prêter serment de fidélité. Mais sont toujours investis de leur autorité spirituelle par Rome. La vente des biens de l’Eglise sous la Révolution est actée définitivement, sans retour en arrière possible. En contrepartie, l’Etat doit assurer une rémunération décente aux évêques et aux curés.

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On l’a vu, le Concordat est un compromis.  Et comme tout compromis, il ne satisfait pas vraiment tout le monde. Bonaparte sait que l’autorité de Rome finira par le faire accepter par le clergé, de bonne grâce ou pas. Mais il sait aussi que les républicains seront plus difficiles à mettre au pas. Pour achever des les convaincre, il fait unilatéralement ajouter au texte des « articles organiques », officiellement conçus pour apporter des précisions au texte premier, mais qui de fait organisent plus précisément les cultes en les soumettant au pouvoir civil, allant jusqu’à définir une liturgie et un catéchisme unique pour l’Eglise de France. Ces ajouts sont évidemment dénoncés par le Pape, mais ils emportent l’adhésion des opposants républicains.

Dès lors, Bonaparte peut sans risque promulguer officiellement le Concordat, ce qu’il fait le 18 avril 1802. Malgré tous ses défauts et ses imprécisions, malgré les entorses des articles organiques et malgré les grincements de dents du Pape, le Concordat ramène la paix religieuse dans une France fatiguée de sa Révolution et qui s’apprête à embrasser son premier Empire. Bonaparte a gagné son pari.

Les tensions entre la République et la religion catholique repartiront de plus belle pendant la deuxième moitié du XIXème siècle. Néanmoins, le texte restera en vigueur jusqu’en 1905, date de la fameuse loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui l’abrogera complètement, sauf pour l’Alsace et la Lorraine qui seront alors sous domination allemande. C’est pourquoi ces deux territoires sont les seuls en France où les principes du Concordat sont encore en vigueur de nos jours.

 

Pour en savoir plus :

[mks_col] [mks_one_quarter]Le Concordat et le retour de la paix religieuse | historyweb[/mks_one_quarter] [mks_one_quarter]Le Concordat entre Pie VII et Bonaparte, 15 juillet 1801[/mks_one_quarter] [mks_one_quarter]Histoire politique de la Révolution française: Origines et développement de la démocratie et de la République (1789-1804)[/mks_one_quarter] [mks_one_quarter][/mks_one_quarter] [/mks_col]

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