La bataille de la Somme se déroule pendant la première guerre mondiale, de juillet à novembre 1916 . Elle oppose les armées britanniques et françaises à l’armée allemande.
La bataille de la Somme, le contexte
Lors d’une conférence à Chantilly, le 6 décembre 1915, les alliés britanniques et français prennent la décision de lancer une offensive d’envergure dans les Flandres. L’idée n’a rien d’original. Il s’agit de percer les lignes allemandes pour rompre avec la guerre de position et revenir à une guerre de mouvement. Mais en janvier 1916, les politiques pressent le général en chef des armées françaises, Joseph Joffre. Celui-ci obtient finalement des britanniques qu’ils lancent une attaque en Picardie, sur la Somme.
Mais ce sont finalement les allemands qui prennent l’initiative les premiers. Leur attaque brutale sur Verdun, le 21 février 1916, vient totalement bouleverser les plans des alliés. Devant l’ampleur de l’offensive allemande, les britanniques proposent aux français de venir les soutenir. Mais Joffre refuse. Il préfère demander aux britanniques de soulager les troupes françaises par une autre attaque, ailleurs sur le front.
Dès lors, les plans de l’attaque sur la Somme, changent de visage. Les français devaient mener l’attaque principale. Mais le haut commandement français doit retirer des troupes pour les envoyer en urgence à Verdun. La bataille de la Somme sera donc une attaque essentiellement britannique, appuyée par les français.
La préparation alliée
Du côté des alliés, la préparation de la bataille de la Somme va prendre plusieurs mois. On réorganise complètement l’arrière. Le génie construit de nouvelles routes. On élargit les anciennes voies. Les lignes ferroviaires sont multipliées. Ce colossal effort d’infrastructures doit permettre l’acheminement rapide et organisé d’une masse considérable d’hommes, de chevaux, de matériels, de munitions et de ravitaillement.
Les français alignent deux armées. La VIe, commandée par le général Fayolle, et la Xe commandée par le général Micheler. Quatorze divisions de ligne, quatre de réserve et quatre de cavalerie composent ces armées. L’artillerie comprend 1 100 mortiers de tranchée, 700 pièces de campagne, 732 pièces lourdes, et 122 canons de grande puissance. Le stock de munitions est de six millions d’obus de 75, deux millions d’obus de gros calibres pour l’artillerie lourde et 400 000 pour les tranchées.
Côté britannique, on trouve la IVe armée du général Rawlinson, la IIIe armée du général Allenby et une armée de réserve commandée par le général Gough. Soit en tout 26 divisions de ligne et trois de cavalerie. L’artillerie engagée aligne 870 pièces de campagne avec 2 600 000 coups et 470 pièces d’artillerie lourde avec 1 160 000 coups.
Et côté allemand…
En face, les allemands ne peuvent opposer que leur IIème armée commandée par von Below. Soit huit divisions de ligne et treize de réserve. C’est-à-dire la moitié des effectifs franco-britanniques. Leur artillerie dispose de 450 canons de campagne et de 390 canons lourds, soit le tiers des alliés. Mais les allemands possèdent un avantage considérable. Ils se sont puissamment retranchés dans leurs lignes. Et les généraux alliés vont complètement négliger ce point crucial.
Leur front comprend tout d’abord une première ligne de tranchées très bien fortifiées avec des abris profonds d’appui et de réserve fort bien aménagés. On trouve ensuite une deuxième ligne qui protège des batteries d’artillerie de campagne. Enfin, un peu plus en arrière, une troisième ligne a été installée, pratiquement aussi fortifiée que la première. Sur leurs arrières, les allemands ont également aménagé des villages fortifiés reliés entre eux par un réseau complexe de boyaux et de tranchées, largement bétonnés, pouvant, le cas échéant, former une quatrième ligne de défense.
Le début de la bataille : l’offensive britannique
Le 24 juin 1916, les alliés déclenchent une formidable préparation d’artillerie qui va s’intensifier dès le 26. Le but de ce déluge de feu est de détruire totalement les capacités de défense des allemands et de « nettoyer » complètement le terrain pour l’attaque de l’infanterie. Il tombe, en une semaine, une moyenne terrifiante de 5 obus pour chaque soldat allemand.
Le 1er juillet au matin, le temps est au beau fixe. Les alliés entament leur bombardement préparatoire final. Les tirs d’artillerie atteignent l’effroyable cadence de 3 500 coups à la minute. Le bruit provoqué par l’artillerie est si intense qu’il est perçu jusqu’en Angleterre.
À 7 h 30, l’assaut est donné. Au son des coups de sifflets des officiers, les fantassins britanniques sortent des tranchées et avancent baïonnette au canon. Les hommes sont surchargés de plus de 30kg de matériel. Le commandement britannique a exigé qu’ils avancent au pas, craignant que les vagues d’assaut ne se dispersent. Les généraux sont certains que le déluge de l’artillerie a détruit toute résistance.
Mais en face, le feu terrible de l’artillerie n’a pas du tout occasionné les pertes et les dégâts escomptés par les alliés. Bien protégés dans leurs abris, les troupes allemandes ont laissé passer l’orage avant de réoccuper leurs tranchées.
Les allemands réagissent
Stupéfaits de voir les anglais s’avancer au pas, ils attendent le dernier moment avant de déclencher des tirs de mitrailleuses qui les fauchent en masse. C’est un terrible carnage, une véritable boucherie. On estimera par la suite à plus de 30 000 le nombre de victimes (tués et blessés) pour les britanniques… dans les six premières minutes de la bataille.
Les combats sont particulièrement meurtriers pour les britanniques autour de Thiepval, sur leur aile gauche. Le village, sa colline et ses environs possédait une configuration particulière qui en faisaient une véritable forteresse naturelle, la « redoute Schwaben », que les allemands ne s’étaient pas privés de renforcer.
Loin du front, mal renseignés et mal formés à la guerre moderne, les officiers supérieurs anglais s’entêtent. Les vagues d’assaut suicidaires vont se poursuivre jusque vers midi. Cette journée du 1er juillet 1916 reste la plus meurtrière pour l’armée britannique, toutes guerres confondues, avec près de 20 000 morts et plus de 40 000 blessés. Les pertes allemandes sont estimées à 6 000 hommes.
L’offensive française
Plus au sud, la situation des français est une peu meilleure. En dix jours, la VIe armée française est parvenue à avancer sur un front de près de vingt kilomètres pour une profondeur qui atteint jusqu’à dix kilomètres. Elle a fait plus de 12 000 prisonniers et mis la main sur un matériel considérable.
Dans les semaines suivantes, l’armée allemande est obligée de retirer trente-cinq divisions du front de Verdun pour renforcer le front de la Somme. Au moins cet objectif est-il rempli en partie pour les alliés.
La bataille de la Somme s’embourbe
La bataille de la Somme va durer cinq longs mois, pendant lesquels la férocité des combats atteindra son paroxysme. Attaques et contre-attaques aussi meurtrière qu’inutiles se succèdent d’un côté et de l’autre. Sans qu’aucun camp ne parvienne à forcer la décision.
Les généraux alliés et allemands sont incapables d’adapter leur tactique de combat d’infanterie aux contraintes imposées par les armements industriels modernes. Ils ne peuvent que lancer leurs soldats dans des offensives totalement absurdes.
Pourtant, c’est pendant la bataille de la Somme que les britanniques vont employer pour la première fois une arme révolutionnaire : le char d’assaut. C’est le 15 septembre 1916 que les premiers «tanks» sont utilisés en situation de combat réel. Leurs premières interventions bénéficient d’un effet de surprise indéniable et amènent quelques succès relatifs. Mais les premiers exemplaires sont trop lourds, trop lents, peu maniables et pas du tout adaptés aux terrains défoncés des champs de bataille. Les espoirs britanniques sont vite déçus.
Septembre voit les alliés reprendre quelques villages. Succès très relatifs qui compensent à peine les déconvenues subies jusque là. Le 26, les britanniques enlèvent enfin Thiepval. Il leur aura fallu trois mois et la perte de près de 60 000 hommes dont au moins 20 000 tués.
L’automne s’installe. Des pluies fréquentes transforment tout le champ de bataille en un véritable bourbier. Les déplacement de troupes, de matériel et l’apport de ravitaillement deviennent très compliqués. L’offensive de la bataille de la Somme est définitivement stoppée par les alliés le 18 novembre 1916.
Le bilan de la bataille de la Somme
En cinq mois de violents combats, les alliés n’ont quasiment pas progressé. Seulement 12 petits kilomètres au nord de la Somme et 8 kilomètres au sud. Un gain de terrain dérisoire compte tenu de l’effort matériel fourni et des pertes humaines considérables.
Aucun des deux objectifs principaux des alliés que sont Bapaume et Péronne ne sont atteints. La percée du front allemand, par laquelle Joffre espérait revenir à une guerre de mouvement, n’a pas eu lieu.
Comme à Verdun, la bataille s’est rapidement transformée en une terrible guerre d’usure. Les britanniques ont fait 31 000 prisonniers. Ils ont pris 100 canons de campagne, 29 canons lourds, 111 mortiers et 453 mitrailleuses. Les Français ont fait de leur côté 41 000 prisonniers allemands et ont mis la main sur 71 pièces de campagnes, 101 pièces lourdes, 104 mortiers et 535 mitrailleuses.
Les pertes humaines sont énormes. A tel point que leur décompte exacte est encore aujourd’hui sujet à discussion.
On estime que les britanniques ont environ 420 000 hommes hors de combats. Dont 130 000 morts et plus de 78 000 disparus. La bataille de la Somme reste à ce jour le plus lourd échec de l’armée britannique en termes de pertes humaines. Toutes guerres confondues…
Les français ont perdu plus de 200 000 hommes. Dont près de 40 000 morts et plus de 27 000 disparus. Les allemands, quant à eux, ont perdu près de 440 000 hommes. Quelles que soient les sources ou les méthodes de décompte, il reste très vraisemblable que les pertes humaines de cette bataille se montent à plus d’un millions d’hommes, tués, blessés ou disparus.
La bataille de la Somme reste l’une des batailles les plus meurtrières de l’histoire moderne.